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PHILOSOPHIE ET DESIGN
15 juillet 2015

Un logiciel de création de la musique

 

dj

 

Mon projet professionnel consiste en  la communication d’un logiciel de création et de personnalisation de musique. Ce logiciel permet de se réapproprier une musique de masse afin de créer sa propre musique.  Ce concept permet la personnalisation de la musique des grands labels qui par définition vendent une musique commercialisable, de la vulgarisation musicale. Tout d’abord, comment la philosophie a-t-elle pensée la musique ? Ensuite, ne faut-il pas critiquer cette vulgarisation de la musique au service d’une société de masse ? Enfin, quelle est l’intérêt conceptuel d'un logiciel de personnalisation de la musique ?

 

Platon systématise la pensée antique sur la musique. Les nombres et la logique géométrique permettent de mesurer le temps et les distances et s'imposent comme clés pour percer les secrets de l’univers .La découverte de la nature mathématique de l'organisation des sons qui plaisent à l'oreille et bouleversent l’âme vient confirmer la puissance du nombre et de la raison et soulève l’espoir que la raison puisse élargir son rayonnement au-delà du dernier retranchement de l’irrationnel : l’émotion humaine. Platon conçoit le pari de l’identité et du Vrai révélé par les nombres, du beau perçu par la sensibilité esthétique et du Bien, résultat d'une harmonie entre la raison, les passions et les désirs, harmonie qui, transmise au niveau de la société, fait apparaître la possibilité d’une cité fondée sur la loi morale plutôt que sur la force. Ainsi, résume Dominique Colin dans Platon et la musique.  Platon pense la musique comme un instrument pour harmoniser l’âme humaine et les comportements de l’homme en société. Ainsi, les musiques contribuent largement à la détermination des relations sociales. Elles sont un des éléments essentiels de la constitution de communautés, de réseaux, de tribus qui organisent la socialité contemporaine. La musique contribue à la fusion des membres d’une société. La musique n’est pas comme les autres arts une reproduction des idées, mais une reproduction de la volonté. Elle trace l’image d’un état du monde. La musique marque mieux que toute autre expression le temps du rassemblement, la pratique des coutumes. La complexification croissante des sociétés entraîne une multiplication des fonctions de la musique et des usages. Par ailleurs, la musique a le pouvoir de mettre l’homme en dehors des conditions ordinaires de la vie. Les pratiques musicales mais aussi les musiques dans lesquelles on se reconnaît sont un moyen de dialogue privilégié qui dans bien des cas exalte les sentiments, rapproche. La musique accompagne l’histoire des peuples et en raconte autant les événements que les sentiments. La capacité de progression de la musique occidentale vient de cette tension entre logique et rationalité d’une part, et liberté et expressivité d’autre part. La création musicale se fera désormais pour une grande part en fonction de l ‘histoire perçue comme linéaire et cumulative et non plus en fonction de critère sociaux, religieux, politique ou économique.

Mais, la rationalisation de la musique semble être arrivée à un degré de saturation. Les idéologies, déclinent et nous pouvons constater l’ascension des musiques conçues pour exalter le mouvement, la danse, l’émotion. Contrairement aux périodes où la musique se penchait surtout sur les mots, la musique comme vecteur d’une idéologie, la musique constitue en grande part le fond sonore de l’environnement moderne. Ainsi, le marketing sensoriel et particulièrement sonore en use quotidiennement pour influer sur nos comportements, en particulier d’achat. Pour Adorno et Arendt, La massification de la culture est un des changements les plus essentiels de 20eme siècle.  La massification signifie une transformation fondamentale et menaçante pour la culture.  Ils partagent l'idée selon laquelle l'art est au service de l'orientation de l'esprit et de la liberté, et que cette fonction est menacée dans les sociétés de masse des XXème siècles. De plus, cette fonction caractéristique des œuvres d'art ne peut être comprise suffisamment à l'aide des concepts de divertissement et de plaisir. Ainsi, Albert Einstein, dans Comment je vois le monde : « Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement.  »

 

C’est dans ce contexte d’une consommation de masse d’une musique dont est gommé toute aspérité, toute individualité, toute personnalité que se pose la question d’une réappropriation de la musique. Interrogeons-nous sur les liens entre l’utilisation de la technologie et la créativité musicale. Sur la tension entre l’utilisation de technique et la création artistique. Aucun autre art n’a été autant bouleversé dans sa nature et dans ses modes de pratiques et de communication, par les nouveaux médias et par les technologies d’enregistrement, de transmission et de synthèse que ne l’a été la musique. Ce remodelage technique de la musique implique un nouveau rapport à la musique vivante. Ces innovations techniques bouleversent les rapports sociaux à la musique. L’apparition de la technologie tant au niveau des supports que des médias bouleverse en profondeur le rapport à la musique. D’ailleurs, ce rapport a plus changé durant les 70 dernières années que durant plus de quatre siècles et engendre une nouvelle période qualifiée de post moderne.  L’explosion des médias et des moyens de communications changent les modes de vie et altèrent les conceptions de la société. Dans les réflexions sur la musique à l’ère des médias, un thème revient : celui de la « musique perdue », dégradée par la répétition et la banalisation qui lui imposent les médias. Ce sentiment est lié à la façon dont les médias et technologies ont changé les conditions de la pratique musicale. Les technologies numériques ne semblent pas totalement comparables aux autres technologies du fait de leur souplesse et de leur universalité. « Nous baignons dans un nouveau monde musical. Où la musique informatique s’est échappée des laboratoires, des studios. Des synthétiseurs numériques sont fabriqués en séries. » souligne Pierre Levy. La numérisation permet de rendre les sons malléables à l’infini et combinables à volonté, de jouer sur presque tous les paramètres impliqués dans la musique. Celle-ci change profondément de nature. La technologie qui permet de construire cette musique, mixée, modifiée, enregistrée, collée… Toutes ces techniques passent la plupart du temps inaperçus pour l’auditeur. Mais leur existence influence cependant profondément le rapport à la musique. Les synthétiseurs numériques permettent à l’auteur de se passer d’interprète. Le corps du musicien n’est plus directement impliqué dans la production du son. La disparition du geste n’implique pas que l’artiste informaticien soit totalement désincarné.  Il se projette maintenant dans le fonctionnement de la machine, il fait corps avec elle, il l’anime. La notion d’œuvre, disparaît et est rendu caduque par les médias qui la rendent disponible n’importe où, n’importe quand. Selon Michel Chion « la fragilité de l’œuvre musicale pour être reconnu comme telle, vient de ce qu’elle n’a pas de support absolu que s’identifie à elle, comme un livre pour la littérature, un tableau pour une peinture. Le disque nécessite d’un appareillage pour le lire. » Ainsi la notion d’œuvre unique, exacte, finie et close est remise en question. Ceci aboutit au fait que la notion même d’œuvre close, achevée et propriété d’un créateur tant à disparaître. Chacun peut donc se servir de la musique comme d’une matière dans laquelle, tel l’artiste, il introduit la forme nouvelle d’une création. Chacun devient alors l’artiste de la musique qu’il écoute.

 

Platon conçoit le pari d’un Monde des Idées révélé par les nombres, du beau perçu par la sensibilité esthétique et du Bien, résultat d'une harmonie entre la raison, les passions et les désirs, harmonie qui, transmise au niveau de la société, fait apparaître la possibilité d’une cité fondée sur la loi morale plutôt que sur la force. La musique se pense comme un instrument pour harmoniser l’homme et la société. Mais, la société sera tellement influencé par la musique et la musique par la société que finalement, nait le reproche d’une musique vulgarise et vulgaire qui suscite et accompagne les mouvements de masse et en particulier la consommation de masse. La technologie permet de changer profondément notre rapport à la musique. Grâce à ce logiciel de personnalisation de la musique chacun peut donc se servir de la musique comme d’une matière dans laquelle, tel l’artiste, il introduit la forme nouvelle d’une création. Chacun devient alors l’artiste de la musique qu’il écoute.

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