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PHILOSOPHIE ET DESIGN
16 juillet 2015

Casque à immersion quasi total

 

 

3D

Mon projet de synthèse porte sur la campagne de communication d’un casque 3D à immersion quasi totale de Sony nommé "In Game", casque commercialisé à l'international. Ce n'est pas le premier casque à immersion de Sony. Contrairement aux autres, sa spécificité sera d’être dévolu totalement aux jeux vidéo. Ses atouts sont ses innovations techniques, ses nouveautés en matière de méthode de jeux, qui procurent sensations, ressenties, et expériences de jeux. Le but du casque est de donner l’illusion d’interagir avec la réalité et les autres dans un monde virtuel. Or, la philosophie dès son origine critique sévèrement l’illusion.  La philosophie tend à la sagesse, et à la vérité.  Elle de se défie des sens, de l'imagination, du simulacre. En effet, Illusion vient du latin illudere, se jouer de, se moquer de.  L’illusion est une tromperie qui se joue de nos sens, de notre esprit. Elle est proche de l’erreur dans la mesure où elle fait également intervenir un jugement erroné.  Un casque 3D qui produit l’illusion de perception produit l’illusion de la vérité. Peut-il être pensé autrement par la philosophie que par une sévère critique ? Ou au contraire la réalité virtuelle ne découvre-t-elle pas de nouvelles potentialités, de nouvelles puissances à l’homme ?

La réalité virtuelle, phénomène des années 90, qui n'avait pas connu grand succès, par son défaut de qualité et de "réalité" revient aujourd’hui grâce aux évolutions des technologies. Elle deviendra sûrement d'ici quelques années, une référence en terme d'évolution et d'expérience de vie si elle arrive à aboutir. La réalité virtuelle est souvent confondue, et donc à dissocier de la réalité augmentée et de l'holographie. Ce sont trois phénomènes différents qui semblent identiques mais qui ont en fait leur spécificité. La réalité augmentée consiste à enrichir visuellement la réalité d'informations ou d'images générées par un accessoire dédié. On en trouve la trace dans plusieurs œuvres de la culture populaire, de Dragon Ball Z, avec le détecteur de puissance, jusqu'à Minority Report et ses publicités personnalisées. L'holographie, elle, a été popularisée en 1977 par l'hologramme de la princesse Leia dans Star Wars, et remise au goût du jour pour ressusciter des chanteurs comme Mickael Jackson ou Tupac dans les années 2010 .Il s'agit en réalité de simples projections doublées d'un effet d'optique. La réalité virtuelle, elle, est ce que proposent l'Oculus Rift et Morpheus, deux prototypes de casques, l'un dont les droits ont été rachetés par Facebook, le second qui a été développé par Sony. La réalité virtuelle consiste à plonger l'utilisateur dans un monde virtuel englobant, à la manière de la matrice dans le film éponyme. L'utilisateur peut y promener son regard, et même s'y déplacer et y interagir, à la manière d'un jeu vidéo qui ne serait plus contenu dans un simple écran, mais entourerait le joueur. La déconnexion visuelle voire auditive avec la réalité est totale, et seuls quelques sens comme l'odorat ou l'équilibre raccrochent encore l'utilisateur à ce qui se passe réellement autour de lui. Ultra-immersive, ce type d'expérience permet d'explorer depuis sa chaise des mondes inaccessibles, comme des reconstitutions virtuelles de l'espace ou de villes éloignées. Mais ce monde virtuel, est-il une illusion au sens philosophique ?

La philosophie distingue deux types d’illusion : le premier est l’illusion des sens, comme l’illusion d’optique – trompe-l’œil par exemple –, le mirage ou “l’illusion des amputés” Ce premier type d’illusion pose le problème de la confiance que nous pouvons faire en nos sens. Ne peut-on dire, selon l’expression commune, que « nos sens nous trompent » ? Ne serait-ce pas plutôt notre esprit qui se trompe sur ce qu’il peut attendre des sens, qui ne font que nous transmettre des informations par des processus qui nous échappent parfois ? Il ne s’agit peut-être pas tant d’une sensation fausse que d’une interprétation fausse – mais impossible à dissiper – d’une sensation. Si nous n’aimons pas être trompé par l’illusion, dans le cas de la réalité virtuelle, tout le monde cherche à s’y plonger avec bonheur et plus l’illusion est parfaite, plus le plaisir est grand. Ce qui nous conduit au deuxième type d’illusion. Le second type est l’illusion de l’esprit. C’est en ce deuxième sens qu’on dit de quelqu’un qu’il « se fait des illusions », c’est-à-dire qu’il « prend ses désirs pour des réalités. » Cette deuxième formule nous renseigne assez précisément sur ce qu’est l’illusion de l’esprit : une croyance issue d’un désir ; autrement dit, être le “jouet” d’une illusion, c’est croire que quelque chose est réel seulement parce qu’on désirerait que cela le soit. Cela semble bien définir notre casque virtuel. On veut être le jouet de l’illusion.  Mais le problème de la philosophie qui est la force de l’illusion, c’est-à-dire sa résistance à une réfutation rationnelle, par la force du désir qui est à son origine-là ne se pose pas. On retourne à la réalité avec le bonheur de mesurer la similitude ou la différence de perception entre la réalité et la virtualité !  Le virtuel semble se distinguer de l'illusion même si comme l'illusion elle recrée les sensations de la réalité. En effet, tout d’abord, nous distinguons monde réel et monde virtuel. Ensuite, nous ne sommes pas dupes de l'illusion qu'est le virtuel ! Enfin, pire encore au lieu de fuir cette illusion comme un danger pour l'intelligence humaine qui a soif de vérité, de certitudes, et de sagesse, nous essayons et goutons avec bonheur ces mondes virtuels. Pourquoi ?

 

Le virtuel est généralement dénigré dans son irréalité. Mais, hérité du latin virtus, vertu, il ne s'oppose en fait pas " au réel». Thomas Jamet explique dans Ren@issance mythologique publié en 2011, que le mot virtuel signifie potentiel plus qu’irréel. Le virtuel n'est pas ce qui existe de manière actuel, dans le monde mais ce qui  " dispose d'un processus d’actualisation, c'est à dire capable de s'animer et de devenir un prolongement du réel ". Comme le réel, le virtuel est une construction de l'esprit à partir de nos sens. C'est là sans nul doute l'expérience que nous aimons appréhender : la puissance de construction de notre cerveau. A quel moment avons-nous l’illusion de la réalité ? Comment parvenir à la construction la plus parfaite de la réalité sans pour autant être la réalité ? Philippe Rigault ajoute dans Au-delà du virtuel, publié en 1998 : " Les nouvelles technologies n'apportent rien de nouveau sinon une dilatation quasi infinie de la réalité et de ses simulacres " Derrière leur apparente inertie, les jeux vidéo en général, n’initient-ils pas à de nombreuses expériences que ce soit individuellement ou collectivement ? Le rapport à soi-même et à autrui ? Des analyses face à des situations compliquées tel que la stratégie ?

Pourtant, le monde virtuel n’échappe pas aux critiques faites à la technique ne serait pas libératrice mais au contraire dominatrice. Charlie Chaplin, dans le film Les Temps modernes, montre ainsi que la technicité grandissante entraîne en fait une aliénation de l'individu, relégué au rang de machine et dépendant. Pourtant, le retour à la nature reste un mythe et la technique ne doit pas être rejetée en tant que telle. Il ne faut pas, par peur des dangers des nouvelles technologies, oublier tout ce que celles-ci apportent à l'humanité. Jacques Ellul (1912 - 1994) a étudié changement de statut au fil du XXe siècle. Il montre ainsi la technique est devenue « autonome » : elle s'impose à l'homme au point qu'elle devient un système et qu'il développe à son égard un grand nombre d'addictions (téléphone, automobile, télévision, etc.) et qu'elle finit par l'aliéner. Cependant, Ellul n'est pas un technophobe car il ne conteste pas la technique en tant que tel. C'est en fait l'homme qui est responsable de cette dérive : « ce n'est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique ». S’il faut bien reconnaître certains comportements de dépendance remarqués par parents, éducateurs ou addictologies, les nouvelles technologies soulignent au contraire la puissance de l’homme et de son travail. Ce que nous aimons expérimenter est la puissance des nouvelles technologies, la puissance du cerveau humain, notre propre puissance. Les technologies à la suite de la technique pensée par la philosophie offre avant tout la possibilité de dominer la nature : Prométhée, en dérobant le feu pour l'offrir aux hommes, apparaît ainsi comme le symbole de l'émancipation des hommes par la technique.  Dans le monde virtuel, l’homme s’émancipe de sa condition lié à la nature et explore de nouvelles potentialités. Ainsi remarque Descartes, les hommes deviennent grâce à la technique « comme maîtres et possesseurs de la nature ». L’homme s’émancipe de la nature qui l’entoure mais explore aussi la puissance de sa propre nature humaine. En se reconnaissant dans son œuvre, l'homme acquiert une meilleure conscience de soi et de son humanité. Hegel souligne que c’est « par la médiation du travail que la conscience vient à soi-même » » dans la Phénoménologie de l'esprit en 1807. L'outil peut être vu comme un prolongement du corps pour l'homme. Cependant, n'est-il pas aussi un prolongement de la pensée, une concrétisation de la réflexion humaine ? L'Homo sapiens est avant tout un Homo faber, un être capable de fabriquer des outils. « En définitive, l'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer les objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. » explique Bergson, L'Évolution créatrice, en 1907. Les nouvelles technologies qui construisent un monde virtuel et nous y plongent manifestent la puissance de la réflexion humine et de ses extraordinaires potentialités

                                                     

Le casque InGame appartient aux nouvelles technologies. Ces dernières tendent à proposer l’immersion presque totale dans un monde virtuel. Ce casque 3D produit l’illusion de la réalité. Si la philosophie critique l’illusion comme ce qui nous détourne de la vérité, Le virtuel se distingue de l'illusion. En effet, tout d’abord, nous distinguons monde réel et monde virtuel. Ensuite, nous ne sommes pas dupes de l'illusion qu'est le virtuel Enfin, nous essayons et goutons avec bonheur ces mondes virtuels. Pour quelles raisons ? Le virtuel ne saurait être une fuite du réel dans l’irréalité. Au contraire, le virtuel est un nouveau potentiel. Comme le réel, il est construction certes mais surtout nouvelles potentialités de la réalité. S’il faut bien reconnaître certains comportements de dépendance remarqués par parents, éducateurs ou addictologies, les nouvelles technologies soulignent au contraire la puissance de l’homme et de son travail et c’est sans nul doute ce qui en fait l’irrésistible attrait. Les nouvelles technologies dévoilent les extraordinaires potentialités du cerveau humain qui les met au point et l’habilité de l’homme qui les réalise. « L'illusion est la première apparence de la vérité. « écrit Rabindranàth Tagore, Ecrivain indien, Prix Nobel de littérature 1913. En effet, cette illusion imite l’apparence de la réalité, remarquable pouvoir, mais elle dévoile aussi la réalité de potentialités infinies de l’homme.

Jéoparys

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